Entre ciel et espace : un master en ingénierie industrielle en transformation

IdentitéAero v1

Pour ses 10 ans, le master en sciences de l’ingénieur industriel orientation aérotechnique trace une nouvelle trajectoire vers l’inexploré. Fort de ses racines aéronautiques, le programme déploie aujourd’hui une ambition spatiale en lançant un projet de CubeSat, allié à une recherche de pointe en inspection non destructive. Ce cap offre aux étudiants une formation hybride, conjuguant rigueur scientifique, expertise industrielle et immersion dans des projets concrets qui préfigurent les défis technologiques de demain. En choisissant ce cursus, les futurs ingénieurs deviennent les architectes de l’aérospatial de demain. Nous avons rencontré Anthonin Demarbaix, le nouveau coordinateur du cursus qui est aussi le responsable de l’unité de recherche « sciences et technologies » de la Haute Ecole.

 

Depuis quand existe le master en sciences de l’ingénieur industriel orientation aérotechnique?

 

Le master en sciences de l’ingénieur industriel orientation aérotechnique existe depuis l’année académique 2014-2015. Il fête cette année ses 10 ans d’existence. A l’époque, à Charleroi, plusieurs orientations du master en sciences de l’ingénieur industriel ont été abandonnées - la construction, la chimie, l’électronique - et l’orientation biochimie a été rapatriée à Ath. Il n’y avait donc plus de type long à Charleroi. Si ce n’est le master en sciences de l’ingénieur industriel orientation électricité mais qui commençait à faire ses premières maladies puisque en 2015, on parle moins d'électricité et plus d’électronique… A l’époque, la Haute Ecole souhaitait conserver un type long à Charleroi. Le bachelier professionnalisant en aérotechnique existait et l’idée a été de voir quel diplôme de type long nous pouvions proposer avec les ressources dont nous disposions et de s’appuyer sur notre collaboration avec la Wallonie AerotrainingNetwork (WAN). Nous avons profité de nos contacts avec les entreprises du secteur aéronautique afin de réaliser un sondage auprès d’elles sur les profils de diplômés qu’elles souhaitaient. C’est donc à partir des besoins des industries que le master en sciences de l’ingénieur industriel orientation aérotechnique a pris naissance.

 

Pourquoi amorcer aujourd’hui une coloration aérospatiale du cursus ?

 

Plusieurs éléments nous ont conduit à nous ouvrir à la recherche et à l’aérospatial…

J’ai été engagé en 2020-2021 avec l'objectif de développer la recherche dans le contrôle non destructif, qui est un secteur de pointe pour l'aéronautique. Cela nous a permis de créer une expertise plus importante au sein du département des sciences et technologies, et d’enrichir les cours au bénéfice des étudiants mais cela nous a donné aussi une carte de visite pour pousser d’autres portes. En plus de cette casquette « recherche », j’ai repris cette année la coordination du master en sciences de l’ingénieur orientation aérotechnique. Mon souhait a été d’intégrer davantage la recherche dans le cursus et d’ouvrir un peu l’offre de formation au drone et à l’aérospatial.

En effet, j’ai certaines inquiétudes quant à l’impact des médias sur l’image du secteur aéronautique, notamment en ce qui concerne les questions environnementales et le réchauffement climatique. L’industrie aéronautique souffre parfois du traitement médiatique, qui met souvent en avant son impact écologique sans toujours considérer les efforts et avancées en cours comme le Green Deal européen qui fixe des objectifs pour la décarbonation du secteur aéronautique d’ici 2050.

De plus, il faut savoir que la plupart des entreprises avec laquelle la Haute Ecole est régulièrement en contact - la Sonaca, la Sabca… - ont également cette ouverture vers l’aéropatial.

C’est une tendance qui s’observe de manière générale à Charleroi : l'écosystème dans lequel nous sommes est en train de s'élargir. Nous avons tous entendu la publicité faite autour de la Mégafactory d’Aerospacelab. Pour les 10 ans du master en sciences de l’ingénieur industriel en aérotechnique, nous avons saisi l'opportunité de nous ouvrir davantage.

 

Comment avez-vous concrétisé cette inclinaison aérospatiale?

 

Au début de cette année académique, le département des sciences et technologies a accueilli un représentant de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) afin de sensibiliser nos étudiants ingénieurs aérotechniciens au secteur spatial. Cette rencontre a été l’occasion d’établir un premier contact avec l’Agence. Nous avons découvert les différents programmes existants, exploré les opportunités réalisables, porté une attention aux différents ateliers proposés chaque année par l’ESA Academy et dont l’accès est conditionné à une candidature et suivie d’une sélection… 

Après réflexion, j’ai pu définir un sujet de thèse autour des CubeSats en collaboration avec notre équipe de recherche. Nous avons découvert une formation pratique sur le CubeSat qui correspondait parfaitement à notre projet. Nous avons soumis notre candidature en mettant en avant le concept de CubeSat imaginé, et nous avons eu la chance d’être sélectionnés! C’est notre chercheuse Imi Ochana, 25 ans, qui participera tout prochainement à l’atelier de l’ESA!

 

Pourquoi avoir choisi un projet CubeSat?

 

Une compétence primordiale qu’un ingénieur aérotechnique doit développer, c’est de pouvoir travailler dans des projets pluridisciplinaires. En effet, une équipe d’ingénieurs n'est pas seule à concevoir un avion qui est décomposé en plusieurs sous-systèmes et qui nécessite donc l’intervention de plusieurs équipes. Dans le secteur aéronautique, le concept de «concurrent enginnering» ou ingénierie simultanée s'applique. Un projet de CubeSat permet de développer cette compétence. Par ailleurs, comme il est plus difficile de travailler sur un véritable aéronef, nous nous sommes orienté vers le drone et le CubeSat. Ce projet de CubeSat, qui nous ouvre les portes de l’ESA, nous permet également d’envisager la création, dès l’année prochaine, d’une unité d’enseignement qui lui est entièrement dédiée.

 

Justement, comment cette coloration aérospatiale va-t-elle se manifester dans le programme de cours ?

 

À travers notre projet concret de CubeSat qui va être évolutif et transmis d’une génération d’étudiants à l’autre. A travers des nouveaux cours qui n’existaient pas avant: un cours sur la télécommunication et un cours sur les systèmes de vols hypersoniques. Mais aussi à travers des cours qui sont en lien avec la recherche et qui vont concerner tant l’aéronautique que le spatial. Par exemple, un cours de fabrication additive en aéronautique abordera également l’aérospatial avec les matériaux à haute performance. Un cours de surveillance de la santé structurelle en temps réel va également concerner le spatial. Ce cours est notamment à mettre en lien avec la thèse de notre chercheuse Imi Ochana qui porte sur les contrôles non destructifs et la surveillance de la santé structurelle des matériaux composites renforcés par des fibres carbone continues.